Moscou : Champagne Soviétique, Gorbatchev et l’administration russe
Nous finissons notre séjour à Moscou chez Katka et son colloque allemand Philipp. Ils nous emmènent dans un bar immense et sympa le « Krujka » (la choppe). Situé à deux pas de la Place Rouge, il propose des bières à des prix défiants toute concurrence. Nous faisons connaissance là-bas, autour d’une girafe de 3 litres de bière pour laquelle Pierre a du hausser le ton, à la locale, pour l’obtenir – le serveur soutenait qu’il n’y en avait aucune de disponible…
Bonne partie de rigolade et mélange des langues : français, russe, anglais, tchèque…. La communication passe bien. Katka est journaliste de formation mais travaille désormais dans le tourisme et Philipp, professeur d’histoire à l’université, est une vraie pointure, il est à Moscou pour le travail où il épluche les archives moscovites en vue de la rédaction d’un nouveau livre.
Retour à la vie civile : crêpes bretonnes et champagne soviétique
Très bien accueillis, nous décidons de partager notre culture à tendance BZH en organisant notre première soirée crêpes du voyage. Nous allons donc acheter les provisions nécessaires et au moment de payer…. La caissière nous dit que nous avons gagné un cadeau, elle nous tend alors un prospectus très garni : café, thé, conserves…. Malgré ces choix astronomiques, la seule chose qui saute aux yeux de Pierre, c’est la bouteille de champagne soviétique, et hop c’est dans la poche. Il a très vite compris le système (500 roubles = cadeau et donc champagne pour Pierre), et, fidèle a son habitude, il s’est intégré à la vie locale, dès le lendemain il revient fièrement des courses avec « la petite sœur ». Notre soirée crêpes est un succès, Katka apprend à faire : des « Blinizs sauce BZH» et Pierre, jeune amateur en la matière, découvre comment garnir la crêpe complète : jambon, œuf, fromage. Nous finissons la soirée dans la bonne humeur avec une de ces bouteilles de grand cru soviétique.
Aventures et autres anecdotes moscovites
Histoire d’amitié
Pendant notre retraite monastique, un soir qu’on fait une sortie au supermarché du coin, en vue d’un mini gouliat nocturne sous la pluie, il prend à Yogui une folle envie de « drujba »… « Guliat », « drujba », ça en en fait des mots nouveaux ! Pour le « gouliat », tout le monde à bien acquis le sens (sinon relire les articles à Dnipro). En ce qui concerne, le « drujba », on en revient toujours à Dnipropetrovsk, où Yogui a découvert ce fromage fondu, grand classique de l’époque CCCP, et genre de kiri soviétique à partager entre amis, « Drujba » se traduisant par « amitié ». Ils sont mignons les petits enfants du monde entier qui se donnent tous la main autour de la Terre sur le paquet.
Départ chaotique du couvent, ou le Pierre « Richard » show
Nous envisageons de partir mercredi, après trois nuits passées au couvent. Nous partons nos gros sacs sur le dos et nous cherchons Vitaly pour emprunter son téléphone et appeler Katka notre prochain hôte, pour l’informer de notre arrivée. Pierre compose le numéro et s’embarque dans une discussion en anglais. Au bout d’une minute il s’aperçoit qu’il en fait parle en fait Sister Ghalina !!!!!! Je suis mort de rire à côté….Aïe aîe aîe… Le con, il s’est planté de numéro… Enorme craquage. Il rattrape le coup en négociant une nuit supplémentaire au couvent, nous sommes bons pour retourner au dortoir déposer nos sacs… Faux départ.
Quelques minutes plus tard, nous rencontrons Sister Viera. Elle est ravie de nous voir encore ici car elle a compris que deux nouveaux français ne parlant pas russe doivent débarquer ce soir…. Et Pierre va pouvoir faire l’interprète. Oh lalalalala, c’est l’embrouille… On comprend vite que les deux nouveaux français ne sont ni plus ni moins que nous-mêmes… Pierre a foutu un sacré bordel. Pour se sortir de là, on joue profil bas, et on fait un tour en ville pour décoller le lendemain à 7h du mat’ du couvent. Pierre a brillé, il est à l’origine d’un scénario de vaudeville digne des plus grands metteurs en scène.
Yogui
Le couvent, vues interieures de deux externes !
C’est dimanche, mais nous sommes prêts à travailler à 11h. Dans la cour nous attend un camion chargé de provisions, oignons, carottes et autres légumes. Probablement pas assez performant dans le cassage de noix, nous devons maintenant décharger ce camion. Les « déménageurs bretons » prennent du service à Moscou. Une fois le camion vide, il faut stocker la marchandise dans la cave (les catacombes de l’église) qui a d’abord besoin d’un bon rangement. Pierre se plie en quatre avec Nikolaï (Un jeune de 17 ans qui vit seul avec sa mère et qui a compris que s’il voulait s’acheter le nouveau vélo BMX de ses rêves il devait travailler) dans une partie sans air, d’un mètre de haut à manipuler une multitude de sacs.
Au charbon avec des collègues de feu !
Nous descendons ensuite les sacs, avec Vitaly qui à très souvent tendance à s’éclipser (mais qui par ailleurs est toujours le premier arrivé à table). Un expert en « chafouinades » comme le dit Yogui. Il y aussi en renfort de luxe : « Franky », dit la Tatane… un jeune au survet’ Adidas déchiré sur toutes les fesses et surtout des TATANES. Le gars, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il fasse beau…. Il n’en démord pas, il reste en tatanes avec des chaussettes noires, c’est tout de même plus pratique que des chaussettes blanches, surtout quand tu marches dans la boue… A noter que pour l’instant Yogui ne semble pas encore convaincu du rôle primordial de la tatane en Russie, puisqu’il n’a toujours pas investi 25 roubles dans cet outil bien pratique, à défaut d’être glamour. Résultat, pour aller aux toilettes dans le train, il squatte les tatanes de Pierre…
Notre Moscou pas très orthodoxe
Ca y est, on quitte enfin l’Ukraine, non que l’on ne s’y plaisait pas….au contraire ! A tel point qu’on aurait pu y rester. Mais notre visa russe, ouvert depuis quelques jours déjà, n’est que de 90 jours et on veut profiter de ce pays à fond. Le train de nuit Kiev – Moscou, en classe « platzkart » de luxe (comprendre : un platzkart avec un provodnik plus compétent, un siège/lit rembourré, un écran digital pour les infos pratiques, des toilettes plus propre/moins sale…). C’est ça le luxe du train « Firmini », les plus récents. Bref, c’est dans de bonnes conditions que nous faisons route vers la capitale de la Russie. Le rituel du passage de frontière fut une nouvelle fois amusant… en pleine nuit dans le train, allongé en hauteur et tout endormi à donner son passeport à un douanier au képi à la circonférence énorme. En plus du coté russe, ils étaient nombreux, le chef, le sous-chef, le sous-fifre…. Tous munis d’un fascicule et d’un tampon… Chlak Chlak.. on se rendort… et à 6h30 on arrive à Moscou.
Moscou : direction le couvent…
Samedi 18 octobre, nous arrivons donc au petit matin à Moscou à la recherche de notre point de chute : un couvent ! Nous n’avons pas énormément d’informations à propos de ce lieu. Nous savons juste que c’est un couvent orthodoxe, qu’il est supervisé par le Père Sergueï, et que le lieu est ouvert aux voyageurs, logés et nourris contre quelques heures de travail. Voilà nos infos. Le reste est à découvrir !
On traverse le « parc du festival », et nous trouvons enfin la « rue de l’armée soviétique », notre adresse à Moscou pour quelques jours. D’emblée nous nous auto-félicitons : nous avons rempli notre mission en arrivant avant 9h.