Jeux de patience à Kiev
Les yeux un peu collés, mais frais comme des gardons, nous arrivons, dans la gare de Kiev. Notre première mission de la journée, se séparer de notre paquetage pour être libres de circuler dans la capitale ukrainienne. Et là, première et agréable surprise de la journée, dans le sous-sol de la gare près de la consigne, deux copines, Laura et Natacha, nous accueillent. Le bruit de notre arrivée à Kiev était donc remonté jusqu’à la capitale.
Surprises à la gare !
Nous avons ensuite expérimenté le fantastique système mis en place dans cette gare pour déposer les sacs en consigne. Nous, par réflexe, nous attendons dans la file où l’on laisse les sacs, c’est à notre tour mais ils refusent de les prendre. Nous n’avons pas les coupons !!! Nous sommes bons pour refaire une queue à un autre guichet afin d’obtenir ces fameux coupons. Ca y est, ils sont en notre possession, nous avons gagné le droit de nous joindre à une troisième file d’attente pour enfin déposer nos affaires.
Résultat, novices vis-à-vis de ce système exotique, nous avons fait 3 queues pour un total d’au moins 20 minutes d’attente. Ca nous apprendra à dire que nous étions frais comme des gardons !
Nous allons ensuite aux toilettes, munis de nos billets de train du jour, qui nous permettent – Oh ! grand privilège du voyageur du jour ! – d’avoir une entrée gratuite !!!! Je découvre alors des toilettes à la turque bien alignées, avec des petites portes dignes de box à cheval, et qui ne cachent vraiment pas grand-chose – encore moins le gros ‘Sergueï ‘ en pleine action libératrice… Un vrai son et lumière !
(Pour info : toute personne locale de sexe masculin se voit automatiquement attribué le prénom Sergueï, celui-ci étant le plus communément répandu, nous avons donc moins de chance de nous tromper…)
Deux p’tites lettres et un grand tour à la Poste
Nous sommes plus légers, le dos libre de notre barda, et nous accompagnons les filles à leur travail après une petite pause café. En terrasse, le café s’il vous plaît ! Puis nous atteignons ensuite la poste centrale de Kiev où nous avons chacun à poster une petite lettre en Europe. Nous allons continuer notre apprentissage de la vie locale après le premier épisode matinal de la consigne. Poster une lettre, un acte qui semble si simple, peu parfois se transformer en parcours du combattant. Dans le hall de ce grand bâtiment, nous tentons de déchiffrer un plan (bilingue : russe et un anglais à couper au couteau) supposé éclairer les visiteurs, mais après cinq bonnes minutes de lecture, nous en sommes sûrs : il n’en est rien – ce tableau n’est d’aucune utilité.
Nous décidons donc de prendre l’initiative et d’aller se renseigner au bureau d’information. Notre interlocutrice nous indique que nous pouvons choisir le guichet de notre choix. C’est quand même bien plus simple que de déchiffrer le tableau à l’entrée.
Nous allons donc logiquement rejoindre la file du guichet le plus proche. Nous attendons plusieurs minutes, puis la dame de l’information revient nous voir et nous indique discrètement d’aller au guichet numéro 6. Nous obéissons, refaisons la queue, puis, quand arrive notre tour, la guichetière du n°6 semble effectuer l’opération, mais, là, grande déception, elle nous rend nos courriers. Déterminer le tarif pour nos lettres n’est pas de sa compétence – il faut en effet qu’une de ses collègues évalue le prix de l’envoi, suite à une pesée des courriers… C’est à nous que revient la tâche d’amener ces courriers à la seule balance de cette aile de la poste qui se trouve….. à notre case départ, au fameux guichet d’information…. retour à l’envoyeur.
Nous luis tendons nos lettres, elle les pèse et écrit au crayon papier la somme nécessaire, nous pouvons refaire la queue du guichet N°6. Elle colle les timbres, nous payons…. On brûle !
Mais une nouvelle surprise nous attend, elle nous rend nos lettres, nous devons trouver la boîte aux lettres internationale afin de les glisser nous même dans l’urne. Donc plus d’une demi-heure après notre entrée dans la poste nous sommes en mesure de poster nos deux petits courriers… maintenant arriveront-elles, ça c’est un autre problème !!!!! Au moins, les lettres sont dans la boite! Ca, on le sait !
Quatre m² pour une rencontre avec de vrais cow-boys ukrainiens
Pour le repas du midi, nous sommes invités à manger chez Sergueï, l’ancien patron de Pierre. Nous nous régalons et profitons de sa baignoire hollywoodienne pour se décrasser et être « Akouratniy » (propre sur soi), chose très importante en Ukraine.
Après cet agréable déjeuner, nous retournons en ville pour rencontrer Alla, une autre bonne copine de Pierre.
Nous pénétrons dans le métro, dépareillant dans le paysage local avec nos petits mentons barbus et mes cheveux longs, un policier nous interpelle : « Vos papiers s’il vous plaît », « Ah !! Frantsouzy, suivez-moi ». Une nouvelle expérience nous attend. Nous entrons dans le bureau de police de la station de métro qui a une superficie totale d’environ 4m². Nous devenons les acteurs d’un film comique, qui dépasse tous nos stéréotypes. Un jeune agent de police taciturne et consciencieux, est affalé sur sa chaise derrière un bureau quasiment vide si l’on excepte, un livre aux pages jaunies et arrachées, et un téléphone du même type que chacune de nos grands-mères possédaient quand nous étions petits. Nous avons droit à la sempiternelle question : « Avez-vous quelque chose à déclarer ?? De la drogue ? » Bien sur, nous répondons : « NON ». Réponse pas assez convaincante ??? On est bon pour une fouille minutieuse. Je dois vider sur la table tout le bocson que contient mon sac. Notre super shérif fouille tout, tout, tout. Il explore mon portefeuille et en sort chaque petit bout de papier, bref il veut tout voir. Il ne trouve rien, il me palpe et toujours rien. Pierre à quant à lui l’honneur d’entrée dans la cellule où plutôt la cage panier à salade, car il n’y a plus suffisamment de place ailleurs. Ca brasse, d’autres shérifs en chef et sous-shérifs en civils débarquent de partout. Ils recontrôlent nos papiers. Notre jeune agent, le képi de travers s’ennuie derrière son bureau, il décide alors de se griller une p’tite clope sans filtre, il enfume la pièce et jette les cendres par terre. On est comme dans un saloon, entouré de vrais cow-boys. Pierre doit sortir tout son matos photo et expliquer pourquoi il porte un couteau à sa ceinture. La fouille terminée, on est relâchés, après une nouvelle demi-heure ukrainienne instructive. Le dernier mot de l’affaire pour notre shérif : « Excusez-nous, au revoir »…
Heureusement, on avait prévu large, et nous avons pu arriver dans les temps pour notre rendez-vous de 15h avec Alla. Remis de nos nouvelles émotions on se pose pour discuter un moment. Nous finissons la journée par une petite balade dans Kiev, une jolie ville avec beaucoup d’espaces verts, des rues archibondées où il est impossible de circuler en voiture et où il est de règle de jouer des épaules pour rentrer dans les wagons de métro.
Un dernier p’tit verre avec Natacha qui a fini sa journée et nous rejoignons la gare prendre notre train direction la grande capitale : Moscou.
Moi à ce moment, je dois avouer que j’étais vraiment super content de monter dans ce train et d’offrir la possibilité à Pierre d’alléger son sac de deux petits sachets de Smecta pour soulager quelques petites douleurs et remettre toute les choses dans l’ordre.
Yogui
Patience et longueur de temps font plus que force et courage. Avec ma main amie et ma joue fraternelle, Daniel
still watching pictures!!!;)
Good pictures… boroda!! :)))